Jeux de plateau

Jeux de société transmedia, top ou flop?

Illustration tirée du site http://lafabriquedureel.fr/
Illustration tirée du site http://lafabriquedureel.fr/

 

Nous vous en parlons depuis un moment déjà, la tendance transmedia se décline de plus en plus souvent dans le marché du jeu de société. Nous vous avions déjà présenté Prodigy, un projet français crossmedia (ou trans?) lancé sur Kickstarter et financé à 200% pour un plancher à 100’000 USD.

Mais au fait, que signifie le transmedia? Quelle est la différence entre trans et cross?

Nous parlons de transmedia quand il s’agit d’une histoire qui se raconte sur différents médias et plateformes. Chaque chapitre de l’histoire est conçu spécifiquement sur un média et enrichit l’histoire. Chacune des parties est indépendante, mais on trouve des points de rencontres entre ces différentes parties. Selon Henry Jenkins, professeur au MIT, le transmedia est un « processus dans lesquels les éléments d’une fiction sont dispersés sur diverses plateformes médiatiques dans le but de créer une expérience de divertissement coordonnée et unifiée« .

Le crossmedia est légèrement différent, puisqu’on utilise cette fois différents supports mais pour adapter la même oeuvre. Ainsi donc, un livre pourra en même temps faire l’objet d’un jeu, d’un film, d’une sérié télé. Crossmedia, puisque l’oeuvre est conjuguée sur plusieurs plateformes.

Le transmedia, lui, peut être considéré comme une mosaïque de plateformes avec des récits indépendants mais composant un tout.

Cette semaine, avec le monde ludique en effervescence pour la GenCon en approche dans 2 jours et ses 296 sorties, deux projets ludiques transmedia viennent de sortir du bois : XCOM et the World of Yo-Ho.

xcom

Dans XCOM, un gros jeu de plateau comme FFG sait les faire, les joueurs reçoivent des informations via une app sur tablettes ou smartphones.

FFG n’est d’ailleurs pas le seul éditeur à s’intéresser à l’exploitation d’une app comme extension d’un jeu de société « en dur », les tchèques de CGE (Dungeon Petz) sont également en train de travailler sur un tel jeu avec Alchemists.

Le deuxième, World of Yo-Ho, édité par les Editions Volumiques, les spécialistes français du multi-plateformes, semble beaucoup plus prometteur avec son intégration en réalité augmentée. Le plateau est le support, et votre smartphone devient votre bateau en RA.

Je vous laisse regarder la vidéo et voir les combats de bateaux, ébouriffant!

World of Yo-Ho sera présenté à la GenCon, lancé sur Kickstarter en octobre et si le financement fonctionne bien, distribué par Iello et disponible en 2015.

Avec 18,3% millions de smartphones en France qui composent 40% du parc français de téléphones portables, et 2 millions de tablettes (sources CCM Benchmark, IPSOS, 2012), chiffres qui sont en constante progression, on peut facilement s’imaginer que la plupart des foyers sont équipés des moyens technologiques nécessaires pour s’adonner aux jeux de société connectés.

Mais du coup, je me demande quand même si toutes ces innovations apportent véritablement quelque chose au jeu. Bien entendu, il faudra les essayer pour juger, mais la technologie apportera-t-elle un réel plus, ou s’agit-il juste d’un pur gadget pour faire frétiller le slip des geeks que nous sommes?

Pour World of Yo-Ho, la réalité augmentée constitue le cœur-même du jeu, mais peut-on considérer les app de XCOM ou Alchemists comme du transmedia? Est-ce que ces app nous racontent-ils une réelle histoire indépendante et différente du jeu de plateau? Je crains juste que les auteurs et éditeurs se lancent dans cette brèche technologique des jeux connectés juste pour le hype, le buzz, au détriment de la narration.

Tendance, certes, mais avec le risque que ça en devienne vide de sens et de contenu. Franchement, « juste » une bande-son comme dans Escape, Space Alert ou le tout récent et excellent Zombies 15 me convient tout à fait, pas besoin de se la jouer tek-geek branchouille. Mais peut-être me direz-vous que je suis devenu un vieux con, il paraît que ça arrive avec l’âge.

N’empêche, cette discussion a le mérite de nous pousser à réévaluer l’utilisation du transmedia dans nos événements, Sherlock Holmes Live, Zombies Invasion. Si nous proposons du contenu multi-plateformes, IRL et RA, et multi-media, videos, textes, sons, nous devrions également veiller à exploiter ces différents supports dans le seul et unique but de servir le récit, et non pour l’agrémenter d’une cosmétique technologique.

Selon notre sondage lancé en avril de cette année vous avez été 68% à trouver que le transmedia n’avait aucun intérêt et que vous préfériez le jeu de société « en dur », sans passer par d’autres plateformes. Est-ce que les mentalités vont changer, en même temps que les technologies? L’avenir, qui a déjà commencé, nous le dira.

 

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6 Comments

  • desenmousse

    Je me suis aussi un peu intéressé à la question, notamment par rapport à la réalité augmentée.
    ( http://des-en-mousse.com/jeux-societe-realite-augmentee/ )

    J’ai l’impression que certains se sont précipités dessus quand ça a commencé à apparaitre, mais sans vraiment réfléchir à la jouabilité derrière (Pit strategy). Ca donnait de beaux gadgets qui n’apportaient absolument rien.
    La plupart n’ont même pas été commercialisés, d’ailleurs.

    Par contre, je trouve qu’on se dirige de plus en plus vers une certaine réflexion par rapport aux différents médias dans les jeux de société et à leur apport possible. J’aime beaucoup Scotland Yard, par exemple, qui l’utilise en complément et pas comme mécanique à part entière

  • Forest

    Je préfère largement jouer en mode classique. Nous sommes vraiment dans une époque que j’ai absolument horreur. Les humains ne pensent plus qu’au virtuel sur tous les produits culturel. C’est désespérant. Et maintenant c’est au tour des jeux de plateaux…Si les gens préfèrent du virtuel, après tout…C’est juste dommage. Encore une fois, les jeux de plateaux sont géniaux pour l’ambiance d’être à plusieurs. C’est un des moments où les gens lâchent leurs tablettes et portables. Et désormais on retrouve du contenu virtuel par des appareils numériques. C’est quand même hallucinant, je trouve. Enfin heureusement que c’est le cas pour une poignée de jeux mais quand même.

  • morlockbob

    world of yo ho est bluffant, mais au final….au lieu de bouger son bateau en plastique on bouge son téléphone. Les combats se font tout seul (plutôt que le joueur lance son dé)…et y a des images…. c’est ça la révolution ludique…?!

  • Jérémie

    Bonjour,

    Je pense que la question sera réglée quand une équipe créative aura développé un « truc » formidable utilisant le potentiel de différents médias pour obtenir ce qui deviendra une référence.

    Mais sans aller jusque là, je pense que de nombreux jeux de société pourraient avoir une béquille numérique (qui pour moi n’est pas du transmedia…). Il faudrait que je creuse pour donner de vrais bons exemple mais déjà quelques idées en vrac :
    – aide au comptage des score (final ou temps réel) ex : 7Wonders, avec une petite caméra qui filme la table et un traitement d’image ad hoc qui donne en temps réel les scores des joueurs en fonction des cartes jouées. J’ai cru comprendre que Concordia souffre d’un comptage fastidieux… ça pourrait être automatique en fin de partie avec une petite photo numérique.
    – mettre sur un tablette les éléments
    ~qui sont compliqués à déplacer
    ~ qui comportent un très gros risque de bouger sur un coup de genou dans la table faisant faire perdre le fil du jeux (quelques exemple : la programmation courante de twin tin bots, ou la piste de score de métro, queen games)
    – on pourrait aussi avoir des tuto qui nous prennent par la main pour les premières parties de jeux (genre maintenant vous pouvez faire ceci ou cela comme action, maintenant c’est telle ou telle phase… je viens d’apprendre coup sur coup Mice and Mystics et Les contrées de l’Horreur, j’aurais apprécié ce type d’aide dynamique)

    Pourquoi est-ce que les éditeurs ne travaillent pas cet aspect ?
    NB : toutes les dernières partie de tarot que j’ai fait on été comptées avec des smartphone car nous n’avion ni stylos, ni papier 😉

    Jérémie

  • Baylock

    Je suis aussi un vieux con, quarantenaire et développeur web de surcroit, ce qui fait que le soir, après le taf, je ne supporte plus de voir un écran et c’est d’ailleurs la raison première pour laquelle j’ai été attiré par le monde du jeu de plateau: c’est l’antithèse du virtuel, l’un derniers bastions de l’IRL pur.
    Cela dit, étant attiré par le multimédia le reste du temps, je ne suis pas réfractaire en soi, juste pragmatique.
    En effet, je pense que le problème de l’incrustation du virtuel dans les jeux de plateau c’est que cela fait entrer ces derniers dans un monde dangereux: celui de l’obsolescence programmée.
    J’ai eu l’occasion de débattre sur la pertinence des apps pour les JDS et ceux qui invalident le sujet sont généralement les plus jeunes qui n’ont pas assez de recul pour voir les effets du temps sur tout ce qui est dépendant d’un logiciel.
    Quid de ces applications dans 20 ans?
    Un colon de Catane aujourd’hui n’a pas pris une ride sur la table alors que X-com dans 20 ans…
    Sans compter que dans 20 ans, l’apps aura peu de chances de tourner sur l’OS du moment.
    Allez donc faire tourner un programme prévu pour Windows 95 aujourd’hui. Et quand bien même, aurez-vous envie de le faire?
    Je ne dis pas, pour beaucoup, payer un jeu à 40 euros qui peut tenir 5 ans, c’est déjà rentable, et ça l’est.
    Juste que moi, j’achète les jeux pour durer. C’est d’ailleurs tout le plaisir: savoir qu’au milieu de tout ce qui est périssable, uploadable et upgradable, il reste un domaine de loisir à domicile qui se suffise à lui-même et qui soit aussi durable que nous, si pas plus.
    Cette nouvelle tendance du jeu de société n’est pas pour me plaire. Et la machine semble lancée sans qu’on ne puisse y faire quoi que ce soit.

À vous de jouer ! Participez à la discussion

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