Jeux de plateau

Jeux de société et société de consommation : la rivalité mimétique

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mirors, light and colors, Flickr, CC, by Sue Schmiderer

Vous nous connaissez, sur Gus&Co nous apprécions lancer des débats sur les jeux de société et pousser la réflexion sur notre passe-temps favori. Après avoir abordé la transparence des blogs et podcasts, après avoir papoté de l’objectivité des critiques, nous allons aujourd’hui lancer un cycle sur les jeux de société et la société de consommation.

Pourquoi achetons-nous des jeux, quels sont les moyens utilisés par les éditeurs et magasins pour nous donner envie d’en acheter, et quel est notre rapport aux jeux, mais pas que, à la consommation en général? Quelle est notre rôle et responsabilité en tant que blogueurs / journaliste dans cette consommation? Qu’est-ce qui se cache réellement derrière un jeu, matériel, travail, impacts? Et enfin, pour clore le cycle, comment pourrait-on envisager une consommation raisonnée et durable?

Ce tout premier article présente le phénomène premier, celui qui pousse à acheter.

Je te copie je t’envie ta vie

Pourquoi consommons-nous? René Girard, philosophe français contemporain, a avancé une théorie concluante, la rivalité mimétique (ou désir mimétique). C’est sur ce sentiment, cette réaction que les publicitaires se basent pour communiquer sur leurs produits. Les affiches présentent toujours des mannequins à la silhouette parfaite, des voitures rutilantes, des produits mirobolants.

La rivalité mimétique, c’est vouloir la même chose parce que l’autre l’a aussi. On veut le copier, car au final on se sent amoindri sans. Il est évident que la publicité cherche à susciter un nouveau besoin, une envie en fait, prioritairement générée par la frustration de ne pas avoir. C’est justement ce qui pousse ensuite à la consommation. Si j’ai, je me sens mieux.

Quoi, vous n’avez pas encore ce rasoir à 17 lames? Quoi, vous n’avez pas encore ce smartphone nouvelle génération à écran incurvé qui fait aussi le café? Moi je l’ai, et pas vous. Pfff, la honte. Quelqu’un sur une affiche le possède? Ou pire, un ami, un collègue, un voisin, un ami sur FB? C’est ainsi que fonctionne la rivalité mimétique. D’autres l’ont, vous vous devez de l’avoir également, pour ne pas « être à la ramasse ». Pas facile de ne pas céder et d’aller à l’encontre de ce sentiment purement humain.

Jeux et enjeux de société

La consommation des jeux de société fonctionnent également sur cette rivalité / désir mimétique, et la communication 2.0 bien implantée depuis quelques années vient renforcer ce sentiment. Sur FB, Twitter ou G+on voit de plus en plus de gens poster des annonces ou photos de leurs récents achats, ce qui pousse alors naturellement le lecteur à ressentir ce désir de consommation. D’autres ont le jeu, et pas moi? Il va falloir que je m’y intéresse. Ce déluge d’annonces / photos devient flagrant en octobre lors du salon du jeu d’Essen pour les gens qui y ont fait le déplacement.

Chose curieuse que cet attachement aux jeux et à ce besoin de montrer ses achats (l’ostentation, nous en parlerons d’ailleurs dans un prochain article, toujours dans ce cycle jeux de société et société de consommation). Je ne sais pas pour vous, mais je vois quand même très peu de photos des légumes ou de produits congelés achetés dans la journée au  supermarché…

A tout bientôt pour un prochain sujet de discussion!

Et vous, qu’en pensez-vous, vous sentez-vous sensible à ce facteur de désir mimétique? Pensez-vous qu’il vous influence dans vos achats?

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5 Comments

  • Flessard

    J’achète aussi quand je pense que le jeu est bon mais ayant peur qu’il ne soit plus disponible quand je serai prêt à y jouer. Donc du coup, j’ai acheté un jeu que je ne suis pas sûr de jouer. La rareté de certaines éditions me déchire la conscience… Mais je me soigne car , en fait, les bons jeux trouvent vite la voie de la réédition. Je me suis saigné comme un porc pour me procurer sur eBay une édition de Republic of Rome d’origine , dépunché, en langue anglaise alors que quelque années plus tard , la vf de luxe fut disponible. J’attend toujours que mon bras repousse et je réfléchi à cette crainte de manquer le jeu du siècle. Elle est bien mal placée cette crainte.
    En fait , j’essaye de m’offrir un style de jeu et je laisse tomber tous les autres car je n’aurai jamais une ludothèque idéal à la Faidutti. Et j’ai encore moins d’ami pour y jouer. C’est très dur mais je me fais violence pour ne pas tout acheter ce que je vois , donc ça laisse présumer que le système fonctionne: je suis consumériste. Dans mon cas , c’est la crainte d’une discontinuité du produit qui me motive….

  • Canevouillou

    Bonjour,
    Ça sent la suite des échanges que nous avons pu avoir sur l article concernant les sorties de bruno Cathala.
    C est vrai que ma femme et mes enfants me rappellent régulièrement mes achats continues, de jeux de société. Pourquoi tant de jeux???
    Pourquoi ne pas s acheter du tabac?
    Pour info je dépensais 90€ dans le tabac. Ça ne dérangeait pas les gens. S acheter 90€ de jeux par mois et là tout le monde te regardent de travers.
    L autre question c est aussi que priviligions nous de nos jours ?
    Beaucoup de jeux sortent, beaux avec de belles dynamiques. Pourquoi pas, même si c est frustrant de ne pas pouvoir y jouer aussi souvent que nous le souhaiterions.

  • peretcharmass

    La hausse du niveau de vie (indéniable sur la durée malgré la « crise »), l’augmentation de la durée du temps consacré aux loisirs, le report des dépenses alimentaires vers les dépenses de « distraction », la délocalisation de la consommation grâce à internet permettant l’accès à un nombre considérable de références… comment échapper à la compulsion dans l’acte d’achat ?
    Les films, la musique, les livres… et bien sûr les jeux !
    Il y 20 ans, j’étais étudiant, un peu fauché et lorsque je me payais un cd, c’était Byzance et je l’écoutais 40 fois ! Aujourd’hui, je gagne bien ma vie, sans excès (prof de géo… salut Gus !) et avec les différents « marketplace » sur le net, j’ai pu m’en payer sans soucis 4 ou 5 par mois… oui mais je ne le fais plus car j’ai l’impression de me gaver et de passer à côté de disques exigeants, de bâcler…
    Je suis (re)tombé dans le jeu de société moderne il y a 5-6 ans et ai découvert la profusion, la qualité, les sites qui me donnent envie… j’ai acheté un peu… joué beaucoup, puis… acheté beaucoup et joué un peu… à tout.
    Aujourd’hui, j’ai toujours autant d’envies mais je me fais violence car passé le plaisir de la découverte, il y a le plaisir de maîtriser, d’exploiter un jeu à fond… de faire 10 ou 15 parties consécutives. De revenir vers des jeux que l’on connaît selon le feeling du moment, de prendre le temps de les faire connaître à ses amis.
    J’ai acheté « Cuba » ce mois-ci sans céder à la tentation des dernières nouveautés car avec ma femme et mon fils nous avions épuisé « un monde sans fin » et voulions retrouver un plaisir similaire.
    Nous avons de quoi faire avec celui-ci et plus nous y jouons et plus nous l’apprécions. Je sais que si je cède à mon envie d’acheter « Rockwell », on va laisser tomber « Cuba », ce serait dommage et trop tôt !

  • Jiba

    Au contraire j’ai plutôt tendance à acheter des jeux que mes amis ne possèdent pas… éh oui, pour jouer il suffit généralement d’une boîte de jeu pour le groupe et pas une par joueur ! Du coup, je ne suis pas sûr que cette « rivalité mimétique » s’applique réellement au jeu de société…

    • Gus

      Certes, mais comment faites-vous pour choisir les jeux que vos amis je possèdent pas? Ne passez-vous pas du temps sur les différents canaux d’informations pour vous tenir informé, justement, et vouloir faire / acheter pareil?

À vous de jouer ! Participez à la discussion

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