Jeux de plateau

Intégrité des blogueurs? La réponse (cynique) d’un comique américain

Oula la transition est rude. Hier on vous présentait Robinson et des meeples, totale déconne, et là aujourd’hui paf on vous lance un sujet sérieux et profond qui fâche (certains). On en parle depuis plusieurs semaines: peut-on rester intègre sur son blog / podcast quand on reçoit des jeux d’un éditeur?

Je suis tombé sur cet épisode de Maron l’autre jour, une excellent série américaine, dont la 2e saison vient juste de commencer, qui raconte l’histoire de Marc Maron, comédien et animateur de podcast. C’est sombre et plutôt cru, mais ça a au moins le mérite d’être clair. Pour lui en tout cas.

Non, pas facile de rester objectif et intègre si on veut recevoir des jeux des éditeurs.

En gros, si vous ne parlez pas très bien le californien, Marc Maron dit que si vous ne faites pas gagner de l’argent à quelqu’un, vous n’en gagnerez pas vous-même… Autrement dit, si un éditeur vous envoie ses jeux c’est parce qu’il est sûr que derrière il en vendra plus grâce à vous.

stonemaier-games

Et toujours sur le même sujet, dans une veine beaucoup plus positive et pour montrer l’autre facette de la problématique, je ne peux que vous conseiller d’aller lire la lettre ouverte d’un petit éditeur aux nouveaux blogueurs. Cette lettre a été écrite par l’éditeur le 13 mai à l’attention des blogueurs qui lui demandent des jeux gratuits.

Dans cet excellent article, l’éditeur de Stonemaier Games (Viticulture), Jamey, et avec son accord je traduis, est disposé à envoyer des jeux gratuits si et seulement si les jeux seront ensuite critiqués, et même si la critique est négative il dit être prêt à l’accepter et ne pas être sur la défensive (ndr : clairement pas le cas de tous les éditeurs).

Jamey dit même être prêt à envoyer des jeux à des critiques qui ont le courage et la crédibilité de dire des choses positives et négatives pour offrir une vision beaucoup plus large:

  1. I will respect your opinion: I will acknowledge that you are entitle to your opinion, and thus I won’t get defensive if you don’t like a game I publish. It helps if you play the game more than once, but I understand that if you really don’t like a game the first time, you probably won’t want to play it again.
  2. I will be open to negative reviews. I personally don’t think it’s ethical for me to only send games to reviewers who have said nice things about my games in the past. I want to give potential buyers a broad array of perspectives about my games, and that means that I will send games to reviewers who have the courage and credibility to have said good and bad things about my previous games.

L’article de Jamey est extrêmement intéressant et donne une vision beaucoup plus optimiste que Maron. Les deux facettes…

Et vous, laquelle partagez-vous? La vision plus sombre et cynique de Maron ou celle plus ouverte de Jamey?

Perso, sans vouloir influencer vos commentaires, tout dépend de mon humeur… Facile comme réponse, je sais. Si je suis bien luné (j’adore cette expression), j’ai envie de croire en la bonne foi des éditeurs, me dire que si certains d’entre eux m’envoient leurs jeux c’est juste pour que j’en parle, en bien ou en moins bien, et en ça je rejoins Jamey. Et parfois, comme Marc Maron, je me sens bien instrumentalisé comme vitrine publicitaire. Si je reçois des jeux c’est bien parce que grâce à moi / mon site ils vont pouvoir gagner plus de jeux.

En fait, plus que mon humeur, tout dépend des retours et échanges que j’ai avec les éditeurs. Si à la suite d’une critique mi-figue mi-raisin (super expression également) l’éditeur ne veut plus m’adresser la parole, ça m’est arrivé à plusieurs reprises, je ne citerai pas de noms, je sens alors qu’on a essayé de m’utiliser mais que ça n’a heureusement pas fonctionné. Et franchement, si je ne reçois plus de jeux de ces éditeurs frileux et bien tant pis pour eux et au final tant mieux pour moi. Je continuerais à acheter leurs jeux pour en parler, ou pas. On m’a souvent reproché ma langue rugueuse, il paraît que je lèche très mal les culs.

Après, je ne veux pas peindre le diable sur la muraille (encore une autre expression chatoyante), la grande majorité des éditeurs avec lesquels je travaille savent se montrer raisonnables et compréhensifs, ils savent accepter les critiques négatives (du moment qu’elles soient justifiées, constructives et pas juste cassantes et gratuites), même si pour les ignorer, tout simplement.

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6 Comments

  • limp

    Eh bien pour répondre à ta question, je me souviens d’un éditeur, et puisqu’il n’officie plus, je peux le nommer : KND. Cet éditeur m’avait dit que je pouvais mettre des avis négatifs de ses jeux, et à mon second avis très positifs, me disait de façon amicale et « clin d’oeil » : « bon, alors, quand me mets-tu un mauvais avis ». J’avais répondu un truc du genre « ne sois pas pressé, ça finira par venir ».

    Et voilà qu’un jour, je poste une note sur BGG (une note, pas une critique super lue sur un site ou quoi, hein ?) sur un de ses jeux, mettant une note moyenne et précisant que je n’ai joué qu’à des versions protos (ce types d’avis sur protos sur BGG est assez courant). Le monsieur a posté partout que je l’attaquais, que je n’avais pas joué au jeu (j’y ai joué avec lui, lui ai donné des conseils d’équilibrages vu qu’à l’époque j’avais trouvé la faille dans laquelle se glisser et parvenais à faire des scores indécents) etc. Des auteurs /éditeurs encore en place ont « aimer » son statut, et sous la pression, j’ai dû enlever mon post. C’est la seule fois où on m’a fait plier.

    Mais oui, en règle générale, je pense que le premier cas est plus courant. Un avis moyen, et on a droit à un mail du genre « on aurait voulu mieux ». Ou alors c’est « bah n’en parlez pas si vous n’aimez pas, ou faites un article de présentation seulement », ou encore tout simplement, plus aucun envoi.

    Dans un sens, on comprend que ces jeux envoyés ont un coup pour l’éditeur, mais si un avis positif en ressort, je pense qu’il est plus que compensé et qu’il est normal de « jouer le jeu » puisqu’au final les avis négatifs seront moins nombreux (cf les discussions sur les sujets similaires sur ce blog). Peu arrivent à le faire et parlent de règlement de compte quand ça les arrange, oubliant de préciser qu’on a dit du bien d’un de leur jeu juste avant ou après.

    Dès qu’il y a des enjeux économiques, tout devient plus compliqué. Moi, je serai d’avis que les blogueurs ne critiquent plus (et donc ne reçoivent plus) les jeux des éditeurs ne jouant pas le jeu à 100%. Ca écrèmerai bcp et rappelerai qui favorise qui (car au final, le jeu, on peut l’acheter sans se ruiner, hein ?). Après, je pense qu’on parle bcp de ce sujet ces derniers temps, et qu’il n’est pas le plus intéressant dans le monde du jeu, d’autant plus qu’il ne concerne directement que peu d’acteurs…

  • BlueCocker

    humm, en tant qu’éditeur, ma position est assez simple : Si j’envoie des exemplaire de presse, c’est que j’espère qu’il seront critiqués. Si la critique est « honnête », c’est à dire si on a joué au jeu, qu’il n’y a pas d’erreur, qu’on exprime son opinion, argumentée si possible, moi ça me va.

      • BlueCocker

        peut être suis je naïf, mais je le pense important. Après, deux autres choses à considérer, c’est qu’une immense majorité des éditeurs de Jds font ça par passion, et aussi que pour l’auteur,l’illustrateur et l’éditeur ça représente des mois de boulot. En partant de là, certaines critiques peuvent être considérées comme assez légères, voire inconséquentes … ( non je ne citerais pas d’exemple 😉 )

      • limp

        Oui, mais le critique est tout autant passionné. Que l’éditeur, l’auteur ou l’illustrateur le soient ne change rien à l’affaire. Des fautes de français, des mauvaises traductions, du matos qui n’a rien à voir avec les règles parce qu’elles ont changé au dernier moment (et donc pas retestées) et que l’éditeur a absolument voulu sortir jeu pour Essen ou telle autre manifestation : j’ai plein d’exemples), des jeux signés avec des personnes n’ayant pas les droits : on peu trouver ça très gros aussi ou au contraire que la chose est faite de façon trop « légère ». Pouruoi le critique serait-il forcément moins juste que l’éditeur quand il se met à émettre des remarques négatives ?

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