Jeux de plateau

Critique de jeu : Splendor

splendor
theme

Splendor est sorti en février 2014, créé par Marc André et édité par Space Cowboys, leur tout premier jeu. Splendor est un jeu pour 2 à 4 joueurs, dès 10 ans, pour des parties de 30 minutes.Dans Splendor on joue des marchands, et on achète des pierres précieuses pour. Non attendez, inutile de poursuivre, soyons sérieux, le thème est copié-collé et pas du tout intégré. Mais au final, ce n’est ni le premier ni le dernier jeu qui place un thème abscons.

materiel

D’ailleurs, à terme, je me demande bien si chez Gus&Co nous ne devrions pas carrément éliminer cette rubrique, car dans 98% des cas les jeux que nous présentons ont bien souvent un thème très… ténu. Car le jeu de plateau n’est PAS du jeu de rôle. Leur but premier des jeux de plateau est de faire jouer, pas prioritairement de faire rêver / voyager. Pour ça, encore une fois, il y a le jeu de rôle.Pour leur tout premier jeu, ces vieux briscards de Space Cowboys, anciens d’Asmodée, ont su apporter leur savoir-faire et expérience en terme d’édition, il signent ici avec Splendor un sans faute! On sent bien qu’ils ont décidé de placer la barre haute, qu’ils chercheraient désormais non pas seulement à nous proposer de bons jeux, mais de beaux jeux également: illustrations soignées, matériel et ergonomie léchés.

Les illustrations sur les cartes sont superbes, chatoyantes, précises et très colorées. Un grand kudos pour les jetons. C’aurait pu être de « bêtes » jetons en carton, mais non, on a droit à des vrais jetons en plastique, un peu comme du poker. Ça donne envie de manipuler.

Ce qui marque avant tout, c’est l’intérieur de la boîte, la qualité du thermoformage est juste excellente: inserts pour jetons, à la taille différente selon la quantité de jetons, ainsi que pour les trois niveaux de cartes. On peut penser que la patte de Seb Pauchon de Gameworks, engagé par Space Cowboys comme développeur, y est peut-être pour quelque chose, connaissant son perfectionnisme et ses boîtes pro. Mais nom d’un trou de jet d’eau (expression genevoise), pourquoi est-ce que le reste de la profession ne prend pas exemple sur cette manière de faire???

boite
mecanique

A son tour, un joueur peut soit acheter / jouer une carte, de sa main ou sur la table, en payant son coût en pierres précieuses, soit prendre une carte dans sa main pour la « réserver », i.e. la poser ultérieurement, oui comme dans Sankt-Petersburg, soit prendre des pierres précieuses (3 différentes ou 2 similaires). 4 choix, donc.

Ajoutons que les cartes achetées fourniront ensuite un bonus pour de prochaines cartes et qu’elles fournissent les points de victoire.

Dès qu’un joueur a obtenu 15 points, en carte et en nobles, la partie s’arrête et on procède au décompte. Nobles? Oui, il s’agit en fait d’objectifs majeurs. Dès qu’un joueur a réussi à remplir un des objectif il en fait l’acquisition, ce qui lui confère des points de victoire supplémentaires. Ces nobles/ objectifs sont visibles de tous, et tirés au hasard au début du jeu pour varier les parties.

Les règles en vidéo (expliquées brièvement)

Bref, pour résumer,  attention ça envoie du bois, dans Splendor on prend des ressources pour acheter des cartes pour acheter d’autres cartes.

public

La mécanique est fluide, extrêmement simple. On n’attend pas, les tours filent et la partie est rapide, ce qui donne clairement envie d’en refaire une autre, puis une autre, puis une autre.- Familles / Casual-gamer : Oui, très très clairement. Splendor est fluide, expliqué en deux minutes, le jeu parfait pour les familles et nouveaux joueurs.

– Party-gamer : non, à moins que ce joueur ait envie de faire autre chose qu’un Time’s Up ou un Concept, et dans ce cas-là Splendor pourrait être une bonne alternative.

– Hobby-gamer : oui, pourquoi pas, en guise d’apéro ou TLN (trou normand ludique). Le hobby-gamer y reviendra même souvent pour améliorer son score.

– Core-gamer: non pas vraiment, ou alors juste pour « s’aérer la tête », car les choix sont peu stratégiques ou profonds. Mais on sent bien que Splendor ne vise pas ces joueurs-là, ou alors juste pour leur proposer une alternative entre des jeux plus intenses.

conclusion

Je vais souvent courir, ça me détend. La recette pour éviter blessures et muscles endoloris réside dans un bon échauffement. Je commence par marcher / courir lentement, puis après 5 minutes je prends un rythme de course plus soutenu. Quel est le rapport avec Splendor? Disons que Splendor est un peu l’échauffement des Space Cowboys: un jeu simple, fluide, à la grammaire très convenue et habituelle, très casual. Il est fort à parier qu’avec leurs prochains jeux, les garçons vachers spatiaux prennent leur rythme de course et nous proposent des jeux plus ambitieux, risqués, profonds et originaux. Ça devrait être le cas avec Time Stories ou leur projet de jeu pirates, une sorte de pick-up-and delivery dans les Caraïbes.

matos

Splendor est un bon jeu, fluide, instinctif, familial / casual, léger et court. Il se rapproche pas mal de Jaipur et du très récent Les Bâtisseurs dans ses aspects de tours rapides et aux quelques petits choix tactiques proposés.

Maintenant, est-ce que Splendor révolutionne la galaxie ludique? Non, certainement pas. Il n’est ni original, ni profond, mais il n’en a clairement pas les ambitions. Il se propose comme un jeu familial, léger, à la portée de tous, à jouer un dimanche après-midi ou en apéro ludique, et pour ça il s’en sort très bien.

like
– Un bon jeu
 
– Un jeu expliqué en deux minutes.
 
– Un jeu résolument Grand Public. Un excellent gateway game (pour initier de nouveaux joueurs au monde chatoyant du jeu de société).
 
– Des parties à 2 autant bien qu’à 4. A 2 les parties sont plus nerveuses, rapides, et à 4 plus tendues. Ou vice versa. Bref, pas d’optimum. J’aime.
 
– Un matériel sans faute et irréprochable : boîte parfaite, superbes illustrations, jetons en plastique. J’en profite au passage pour saluer nos amis les Chinois, qui produisent bien les 75% de nos jeux.
 
– Un bon premier jeu chez ce tout « jeune » éditeur.
paslike
– Un thème cul-cul la praline (expression suisse).
 
– Même si les nobles de départ et la configuration des cartes varient, Splendor risque bien de devenir répétitif après quelques parties.
 
– Pas un jeu qui révolutionne la galaxie ludique. Mais ce n’est pas ce qu’on lui demande.
 
 

Vous pouvez trouver Splendor ici chez Philibert

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13 Comments

  • Corro

    Je ne sais pas si c’est parce qu’on partage une certaine culture du chocolat, mais « cul-cul la praline » est aussi une expression utilisé en Belgique ;).
    je crois même que Les romains utilisaient aussi cette expression, en latin c’est « rectum rectum Leonidas » 😀

    • Gus

      Du chocolat en Belgique? Mais non, restons sérieux un instant voyons, il n’y a qu’en Suisse que le chocolat existe. Ailleurs c’est juste un truc brun au sucre. Sauf pour les daltoniens.

    • Gus

      Cher monsieur, apprenez par la voix de mon avocat que la Suisse exporte principalement deux choses : les montres hors de prix et les expressions hautes en couleur. Sauf pour les daltoniens.

  • morlockbob

    et les gens qui ont le vertige (à propos d expressions hautes en couleur (on dit HD maintenant).
    bon un jeu qui à l’air ultra classique, beau en tous cas.
    2 regrets: gus n’a pas l ‘accent suisse (moi qui viens ici chercher du dépaysement…) et après la voix on aurait bien aimé voir son physique…. mais c’est sûrement beaucoup demander

    • Gus

      Impossible de voir le physique avantageux de Gus, pour trois raisons: 1. Il a une barbe, et on sait très bien que les barbus passent très mal à l’écran 2. Il participe à un programme de protection de témoin du FBI depuis qu’il a témoigné dans l’affaire du gang des meeples (également appelée l’affaire des geeples) 3. Il n’a pas beaucoup de cheveux extérieurs (mais à l’intérieur du crâne si).

      Bon je constate que tous ces commentaires sur Splendor sont hautement importants et nécessaires. Merci à vous tous pour votre participation.

  • arthiev

    Un getaway ou un gateway ?
    Parce que le premier, ce ne serait pas plutôt une fuite ?
    Enfin, je dis ça, je dis rien, ça se trouve, c’est aussi une expression suisse 🙂

  • Cristauf

    Monsieur Gus, j’adore votre blog, ses articles et analyses pertinentes et votre habileté à déceler les bons jeux, ceux qui vont faire un carton, avant tout le monde. Cependant, je ne suis pas d’accord avec vous sur l’importance du thème, plus important selon moi que la matière des jetons, ou la precision du thermoformage, même si les 2 ont leur importance, un jeu doit me raconter une histoire, le background doit me parler et fait partie du plaisir (c’est vrai, j’aime pas trop Agricola pour cette raison !). Merci encore pour la qualité de vos articles.

    • Gus

      Merci Christauf pour votre gentil commentaire, que je partage entièrement ! Moi aussi j’aime jouer pour vivre un récit, une aventure épique, tout ça. Mais soyons honnêtes, très peu de jeux de plateau offrent ce rêve, car pousser des cubes ou jouer des cartes n’invitent pas véritablement à la rêverie. C’est d’ailleurs bien pour ça que : 1. je pratique également le jdr (à fortes doses), justement pour imaginer 2. j’ai une femme et un enfant, justement pour vivre une aventure.

      A ce propos, nous avions publié le TOP 10 des jeux à thème fort, dites-moi ce que vous en pensez : http://gusandco.net/2013/07/18/le-top-10-des-jeux-a-themes-forts/

      Et pas monsieur Gus, juste Gus 😉

  • Cristauf

    Merci Mons… heu… Gus pour votre réponse. Je suis également papa de 2 enfants donc moi aussi aventurier des temps modernes, mais n’ai plus de temps pour faire des jdr… je compense avec les jeux de plateau mais leur en demande peut être un peu trop effectivement… A bientôt quoi qu’il en soit 🙂

  • thazar

    bonjour a tous. je suis pas mal d accord avec le test du jeu. j aurais juste voulu ajouter qu a deux le jeu a peu d interet finalement. si un des deux joueurs prend l ascendant dans les 1ers tours, il gagnera sans aucun doute. d ou la necessite d un 3e joueur pour contrebalancer un peu tout ca.

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