Jeux de plateau

Critique de jeu : Pathfinder jeu de cartes

pic1893003presentationPathfinder le jeu de cartes (PFC) est un jeu de cartes coopératif sorti en anglais en août 2013 et en français au premier trimestre 2014. Pour 1 à 4 joueurs, jusqu’à 6 avec extension, d’une durée extrêmement variable, entre 3 mois non-stop pour une campagne et 2 heures pour un simple scénario. Créé par Mike Selinker et édité en anglais par Paizo et en français par Black Book Editions.themePFC place les joueurs dans la campagne l’Éveil du Seigneur des Runes. Hein?

Pour les malheureux qui n’ont JAMAIS fait de jeu de rôle, Pathfinder est LE jeu de rôle médiéval-fantastique par excellence, qui a su élégamment remplacer son cousin Donjons&Dragons. Des règles fluides, un univers épique, des parties mythiques. La toute première campagne publiée pour le jeu de rôle s’appelait l’Éveil du Seigneur des Runes, une sombre histoire de vengeance qui commence par une attaque de gobelins dans un patelin. Pointe-Sable.

542670_354526724661939_1067546651_n

Et bien le jeu de cartes reprend exactement les mêmes lieux, personnages et faits de la campagne pour les relater sous forme de cartes et jeu de société. Si vous, comme moi, avez joué à la fameuse campagne (dont une version deluxe collector vient de sortir à la fin de l’année 2013 en vf) vous aurez un réel plaisir à revivre les moments forts du jeu de rôle, mais avec des cartes. Attention, PFJ n’est toutefois PAS un jeu narrativiste, à lire ci-dessous.

mecaniqueDans PFC on lance des dés, souvent, tout le temps, presque.

Le tour d’un joueur est somme toute facile, malgré un livret de règles plutôt long: on peut donner un objet à un personnage se trouvant sur le même lieu, puis on peut se déplacer dans un autre lieu, on peut explorer une fois, puis tenter de fermer le lieu si l’une des conditions est remplie (rencontre spéciale ou lieu vide). Voilà, c’est à peu près tout.

gencon_rise_of_runelords

La phase principale, épique, réside dans l’exploration. Pour cela on retourne la première carte, face cachée, du lieu, et on découvre alors soit objet soit créature. Dans l’un ou l’autre cas il va falloir jeter un dé pour tenter de dépasser la valeur imprimée sur la carte. Si la valeur obtenue, une addition entre le dé et la caractéristique / compétence du personnage, est égale ou supérieure à la carte on remporte alors le combat ou on obtient la carte. Voilà.

Sachant que le jeu est coopératif, il va donc falloir bien discuter pour savoir qui va où qui fait quoi. Précisons également qu’il y a un compteur de tours (30 cartes) qu’on retourne pour chaque joueur. Une fois le compteur arrivé à zéro la partie est perdue pour tous. Et ça va plus vite qu’on ne le pense!

La mécanique est au final hyper simple, fluide, intuitive, mais on passe quand même sa partie à jeter les dés, ce qui peut finir par lasser les joueurs, même si les dés rajoutent une tension, palpable, à la table.materielDes cartes en veux-tu en voilà. Il y en a 500 dans la boîte. Boîte superbement bien réalisée au thermoformage pratique, FFG / EDGE et leurs multiples JCE pourrait s’en inspirer avec leurs grandes boîtes pleines de vides. Rendons toutefois à César ce qui appartient à César, FFG / EDGE sait faire de beaux jeux de cartes aux illustrations léchées, tandis que dans PFC les cartes sont… comment dire… laides. Et plates. Juste une illustration perdue au milieu d’un cadre plat et bourré de texte ou de valeurs mis en page par un graphiste de 12 ans et demi sur Word. OK je suis méchant mais lorsqu’on ouvre la boîte et qu’on tombe sur la première carte on trouve ça bien cheap, surtout si on a l’habitude des autres JCE / JCC sur le marché. Ça fait un peu « 80’s revival ».

pathfinder_acg_character553233_354526781328600_1253080147_n

BlackFanginteractionL’interaction est extrêmement forte puisqu’il est impératif de collaborer. Les joueurs peuvent donner des cartes, les utiliser pour aider un joueur à réussir son jet, et échanger des cartes au tout départ avant la partie au moment de la composition de son deck entre scénarios.

img0022

Même si on doit attendre son tour pour jouer, ce qui peut paraître parfois long, surtout à 4-5 joueurs quand chacun prend 17 minutes à calculer ses valeurs de jet et cartes à jouer, il est impératif que tous suivent scrupuleusement le jeu pour : 1. utiliser ses cartes pour aider les autres joueurs 2. savoir quelle carte est déjà sortie du lieu pour suivre la progression du scénario et adapter sa stratégie. Donc si on a l’impression que PFC est un « jeu vaisselle » il n’en est en fait rien, ça serait une grossière erreur de quitter sa place en attendant son tour.publicCasual Gamers : PFC est bourré de valeurs, d’éléments à maîtriser, et l’esthétique très « comptable » des cartes ne font pas de PFC un jeu particulièrement Casual, il pourrait en rebuter plus d’un. D’autant que PFC devient véritablement intéressant en enchaînant les parties en mode campagne, pas sûr que ce public soit prêt à s’investir plusieurs heures / semaines sur un tel jeu.

Party Gamers : d’après vous?

Hobby Gamers : oui, tout à fait. D’autant que le hobby gamer n’aura pas de difficulté à saisir tous les aspects du jeu et ne sera pas forcément refroidi par l’esthétique des cartes. Quoique. Reste quand même à savoir que PFC s’apprécie surtout en campagne, qu’il faudra donc y revenir souvent pour véritablement l’apprécier. Et quand je dis souvent je parle en mois.

Core-Gamers : oui, absolument! C’est LE public parfait puisque prêt à s’investir de nombreuses heures dans un jeu.conclusionPFC est excellent, malgré les quelques mauvais points déjà énumérés ci-dessus: cartes laides, mécanique plate de lancer de dés, aspect répétitif des scénarios.

Parlons-en, tiens. Tous les scénarios, à 1-2 exceptions près, sont finalement semblables : trouve le big boss, ferme tous les lieux pour l’empêcher de se faire la malle et voilààà, partie gagnée. A répéter ad nauseam.

Mais étrangement, pour un jeu laid, répétitif et hasardeux, le tout fonctionne vraiment bien, on a véritablement l’impression de rentrer dans une aventure épique. Pour vous dire, lors de notre toute première partie, nous avons joué… 9h de suite sans nous arrêter tellement nous étions plongés dans le jeu. 9h. Jamais aucun jeu de société ne nous avait autant impliqués. Bon OK peut-être un Civilisation dans les années 80 ou un Diplomacy. Et depuis cette partie de 9h nous avons ensuite remis le couvert pour une autre partie de… 10h, non-stop.

Son système de campagne rend PFC passionnant. Au début de la partie les joueurs choisissent s’ils veulent participer à un seul scénario, une aventure ou la campagne en entier. Et s’ils jouent la campagne, pour chaque scénario réussi ils gagnent la possibilité d’upgrader / levelupper / améliorer son personnage, ce qui motive alors furieusement les troupes. A lire à ce propos les 4 fondements de la motivation, une bonne étude en game design.

La partie est vraiment épique, on sent le souffle de l’aventure, car on peut choisir le lieu où se rendre selon son personnage, ses capacités propres, pour optimiser les rencontres: un magicien préférera aller chercher des sorts, un gros-bill ira plutôt cogner du gobelin, avec quelques barrières/cartes spéciales et surprenantes supplémentaires : pièges, trésors…

Bref, PFC est vraiment intense et passionnant. Mais il faut quand même avouer qu’on passe sa partie à lancer des dés. Certes, le hasard est évidemment fort présent, mais c’est aux joueurs de le réduire en envoyant efficacement les personnages les plus capables, et en jouant ses cartes de la manière la plus appropriée.

PZO6000-BurntOfferings1

Rajoutons que la campagne n’est pas finie, i.e. pas encore entièrement disponible, même pas en anglais. Ce ne sont pour l’instant que les 2 premiers chapitres qui sont disponibles, la suite est prévue pour ces prochains mois, ce qui pourra quelque peu frustrer les joueurs qui seront obligés d’attendre. Et qui seront obligés d’acheter les prochaines extension. Vaches à lait powaaaa!

Oui, PFC est un véritable JCE. On vous vend la boîte de base on vous dit que vous avez tout ce qu’il vous faut pour y jouer mais au final vous comprenez bien vite qu’il vous faudra investir dans moult extensions pour véritablement apprécier le jeu… Mais Pathfinder le jeu de rôle fonctionne pareil, donc c’est cohérent.

Pour moi, PFC est un excellent jeu, véritablement à la frontière entre jeu de rôle et jeu de société. Mais après tout, le jeu de rôle est AUSSI un jeu de société, sauf qu’on y parle plus qu’on y pousse des cubes. Si les deux éditeurs, français et anglais, du jeu de rôle « jouent bien leurs cartes » et essaient de ratisser large, en démarchant les deux publics, PFC est promis à une longue et belle carrière. Et tant mieux. Bon, j’y retourne, Pointe-Sable m’attend.likeL’aventure, le souffle épique, être immergé dans l’univers Pathfinder et se sentir impliqué dans un jeu de cartes à la frontière du jeu de rôle.

Une mécanique extrêmement fluide malgré des règles plutôt longues et touffues.

Un jeu de cartes de campagne. Voir son personnage s’améliorer : caractéristiques, compétences, équipement, et s’y attacher. Oui, comme en jeu de rôle.

L’interaction, la collaboration, l’impression de vivre une véritable aventure à plusieurs. Oui, comme en jeu de rôle.

Faire presque un jeu de rôle, mais avec des cartes et sans MJ. On se prend rapidement au jeu, on commence à s’impliquer, à faire vivre son personnage, à s’y attacher.

Des parties à 3-4 joueurs intenses.

Un excellent jeu, une excellente découverte de cette fin 2013 / début 2014 pour la vf.

Un jeu qui ravira les fans de Pathfinder (comme moi) et qui leur donnera envie de rejouer leurs aventures au moyen de cartes.

paslikeDes cartes laides au possible. Comme on dit « beauty is in the eye of the beholder », mais là quand même, ça pique les yeux.

Un nouveau JCE qui nous prend pour de bonnes vaches à lait puisqu’on finira bien par devoir acheter les extensions pour avancer dans la campagne. Comme dans le jeu de rôle éponyme d’ailleurs. Voilà, c’est comme ça. Mais comme PFC est plutôt un jeu de rôle à cartes qu’un « simple » jeu de société, ça fait partie du jeu.

On passe quand même sa partie à jeter les dés. Ça peut en lasser certains. Beaucoup de hasard, mais plutôt bien maîtrisé (caractéristiques, équipement). Après, on n’est jamais à l’abri de jets minables (Juju, si tu me lis…), mais c’est ce qui vient pimenter la partie, et tant mieux, car si PFC peut paraître répétitif il n’est pas mécanique pour autant.

Des cas de conflits de règles ou des situations pas très claires lors d’utilisation de cartes. Mais au vu du nombre incroyable de cartes disponibles c’était à prévoir.

Des scénarios répétitifs un peu lourds à la longue. Il faut espérer que les auteurs / éditeurs parviennent à nous proposer des objectifs différents car autrement ça ne va pas le faire à long terme: explorer, trouver le grand boss final, fermer tous les autres lieux. Bof.

Des parties à 1-2, voire pire, 5-6 avec l’extension, pas terroches. Soit pas / peu d’interaction, soit trop longues et lentes. L’optimum est véritablement à 3-4 joueurs.

extraEt si on se lançait un concours de scénarios, pour palier aux scénarios un peu trop répétitifs?Attendons que le jeu se soit bien implanté dans le monde francophone et revenons ultérieurement sur cette idée.

Votre réaction sur l'article ?
+1
2
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0

10 Comments

À vous de jouer ! Participez à la discussion

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur Gus & Co

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading