Jeux de plateau

Critique de jeu : Drum Roll

Présentation

Drum Roll est sorti pour Essen en octobre 2011 chez une toute nouvelle maison d’édition grecque, d’auteurs grecs également, Konstantinos Kokkinis et Dimitris Drakopouls, origine géographique plutôt rare dans le milieu ludique.

Drum Roll (DR) est un jeu de plateau pour 2 à 4 joueurs, d’une durée de 90 à 120’

Thème

Dans DR, les joueurs incarnent des imprésarios / metteurs en scène de cirque qui tentent de monter des spectacles retentissants.

Le thème, original, est assez bien rendu : on engage des artistes, du personnel, on va chercher du matériel. Ce qui enrichit le thème de DR, c’est son matériel, son esthétique. Et bien, parlons-en justement.

Matériel

Les illustrations de DR sont juste somptueuses. Rarement des illustrations de jeux auront été tellement riches, colorées et flamboyantes. Et ça commence avec la boîte. On se trouve véritablement plongé dans cet univers lumineux et remuant qu’est le cirque.

Les cartes, représentant les artistes, sont également riches et gracieuses, presque baroques. Oui, j’avoue, j’ai rarement été autant emballé par l’habillage esthétique d’un jeu. Et après m’être rendu cette année à Essen 2011, notre bilan à lire ici, je peux vous assurer que les jeux ne sont pas toujours aussi éblouissants que celui-ci.

Hormis les cartes, les plateaux de jeu, un commun et un par joueur, le reste du matériel est assez quelconque, cubes et marqueurs en bois.

A préciser que les règles, et le jeu, sont multilingues. La règle en vf est très claire et sans faute de traduction.

Mécanique

Le but de DR est donc de créer un spectacle de cirque. Pour y arriver, il faut engager des artistes et leur fournir équipement, costume et fournitures. Une fois leurs besoins satisfaits, les artistes rapporteront alors des points de victoire.

Et comment obtenir ces éléments ? En plaçant ses marqueurs / jetons / ouvriers sur divers emplacements du plateau commun. Oui, vous l’aurez compris, DR est bel et bien un jeu de placement d’ouvriers, à la Caylus, Agricola, L’Age de Pierre, etc.

La fin de la partie est originale, puisque les joueurs vont pouvoir voter après 5 tours pour déterminer si l’on s’arrête ou si l’on continue pour un ou deux tours supplémentaires, tout dépendra de l’avancée des stratégies de tout un chacun.

Interaction

L’interaction est ici relativement faible. Comme dans tout jeu de placement d’ouvriers, on bloquera les autres en plaçant son jeton sur l’un ou l’autre emplacement, mais pas de confrontation directe. Le vote final pourra toutefois freiner ses adversaires.

Conclusion

DR aurait pu être une véritable bombe ludique il y a 2 ou 3 ans. Le problème est qu’aujourd’hui, dans la masse de production ludique, un énième jeu de placement d’ouvriers fait largement redondant.

Certes, DR ne manque pas d’intérêt, par son thème, pas son matériel, par quelques originalités saupoudrées par-ci par-là (les régions qui rapportent des bonus selon les spectacles, le vote final), mais au final, DR reste un jeu de placement d’ouvriers. On pose ses jetons pour du matériel pour subvenir aux artistes, sur la banque pour ramener des sous et payer ses employés, engager artistes et personnels, etc.

Bref, la grammaire habituelle, du déjà-vu, dommage.

On aurait envie de sortir le jeu souvent rien que pour son matériel et univers, mais au final, ce n’est ni le meilleur jeu de placement d’ouvriers sur le marché, ni le plus original. Comme dans ma critique d’Yggdrasil, qui a fait à l’époque couler beaucoup d’encre virtuelle, quand je disais que le jeu coopératif commençait sérieusement à tourner en rond, avec Drum Roll on arrive aujourd’hui méchamment à la même conclusion avec les jeux de placement d’ouvriers.

Ce que j’ai beaucoup apprécié

Les illustrations, somptueuses, je ne le dirai jamais assez, un riche travail artistique.

Le vote pour couper court, ou pas, à la partie, mécanique originale.

Le thème

Un jeu grec, rare.

Le nombre de goodies pour le jeu à Essen et sur BGG, qui rajoute en variété

Ce que je n’ai pas beaucoup apprécié

Le manque flagrant d’originalité, pour autant que l’on ait déjà joué à d’autres jeux pareil 😉

Le plateau commun, pas très ergonomique, puisque les emplacements ne précisent pas si l’on peut se placer à plusieurs, ce qui est parfois le cas et précisé sur les mini aides de jeu personnels.

La piste d’argent, pas très ergonomique non plus. Mais j’ergote.

Mais de combien d’autres jeux de placement d’ouvrier avons-nous encore besoin ?

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5 Comments

  • Lactic

    Bonsoir,
    Attention dans les règles VF il y a tout de même une erreur de traduction :

    Dans la phase de placement des ouvriers :
    Un seul jeton de couleur par joueur et une fois par tour pour UN seul joueur au total et non pas un seul par joueur.

        • Gus

          Haaaa Jeremy, le fameux débat. Peut-on jouer avec tous les thèmes? Je suis moi-même végétarien à tendance végan. Et jouer à certains jeux me dérange: Agricola =élever des animaux pour les manger, Great Western Trail, élever du bétail… Ou même Zooloretto en fait, des animaux en captivité pour le plaisir des visiteurs.

          Et quid des jeux de guerre? Est-ce mieux? L’Holocauste?

          J’ai entendu votre réaction Jeremy.

          Peut-on rire de tout? Peut-on jouer avec tous les thèmes? Tout est question de sensibilité bien sûr. Il faut toutefois souligner que le jeu reste de la simulation. Mais peut-on alors tout excuser? Comme certaines illustrations parfois beaucoup trop sexistes?

          Il est sain de remettre certains titres et objets culturels en question. Sans forcément tomber dans le prosélytisme. Devons-nous boycotter des titres spécistes ou sexistes?

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